Le CVB
Projet
Nous pensons qu'il est toujours plus indispensable aujourd'hui qu'hier de défendre :
- Un cinéma engagé sur le plan éthique et politique, où l'humanité des êtres est tout à la fois moteur et centre, qui donne à voir d'autres histoires du monde, celles de la diversité et de la complexité, et dont le but est bien de contribuer à un avenir plus juste et plus solidaire.
- Un cinéma engagé sur le plan formel et esthétique, adressé au spectateur, tourné vers son intelligence et sa sensibilité, généreux dans le temps donné à l'émergence de l'émotion, où poésie et vibration traduisent d'avantage que description et analyse.
Révéler (du latin revelare « dévoiler », issu de velum « voile ») est au cœur du projet du CVB dans une dimension inéluctablement liée au social, au politique et à l'artistique. Le CVB est né dans l’espace créé par l’étincelle de 1968. Le projet était limpide : s’emparer d’une technologie naissante – la vidéo « légère » – et la mettre au service directement et sans intermédiaire de celles et ceux qui n’avaient pas droit de parole dans cette idée de « rendre la parole au peuple ». C’était l’invention du « Vidéobus », camionnette itinérante à la rencontre des habitants et des associations.
Plus de 45 ans après, disposer d'un espace de parole libre et créatrice dans un monde globalisé et très cyniquement réduit à sa dimension consumériste reste un travail de tous les jours. La volonté du CVB de travailler avec les gens et non sur les gens, d’aider à libérer une parole enfouie car trop souvent dénaturée, de susciter l’envie chez les artistes, réalisateurs et jeunes auteurs de partager ce regard pour entendre et voir autrement, garde toute sa pertinence. De l’atelier vidéo avec les films collectifs, au documentaire de création avec les films d'auteurs, en passant par le film outil, pédagogique ou non ; de la production à la diffusion en passant par la réalisation, le Centre Vidéo de Bruxelles a construit tout au long de son histoire une identité forte qui s’appuie sur une pratique éprouvée et en relation avec son temps. Au cœur de cette pratique, le cinéma documentaire : regarder, observer, montrer, analyser, questionner la complexité du réel dans une relation située et éthique à celui-ci.
« Il convient de rappeler que le cinéma est né documentaire, que la part de subjectivité, de mise en scène, est constitutive du geste cinématographique et que le documentaire est là pour le rappeler à chaque instant, se démarquant en cela de l'information et des médias. »
Georges Heck in La Lettre des pôles 09 / automne-hiver 2008
Atelier de production documentaire et Association d'éducation permanente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Opérateur audiovisuel soutenu par la Commission communautaire française, le Centre Vidéo de Bruxelles articule ses activités à travers 4 axes complémentaires et interreliés :
- La production de films : documentaires d'auteur et de création / films collectifs, résultats d'ateliers vidéo / films outils, réalisations avec le secteur associatif.
- La diffusion des productions de la maison : festivals, circuits cinéma, non-marchand, télévisions, web, éditions dvd... dans une démarche de valorisation d'un catalogue de plus de 300 titres, reflet d'une cohérence éditoriale.
- La mise en œuvre de dispositifs de création répondant aux besoins des auteurs et des associations en relation étroite avec l'évolution des pratiques : ateliers d'écriture, résidence d'artistes, programme d'ateliers vidéo thématiques et sur le long terme, projets européens,…
- La réflexion sur le travail de l'image et son pouvoir de vérité ainsi que la formation à l'écriture documentaire et à l'animation vidéo notamment.
La diversité des approches et la singularité des contenus, le frottement des genres, des pratiques et des regards ; l'hybridation, l'articulation d'une approche artistique avec celle plus sociale et engagée des enjeux de société, l'attention portée aux individus - citoyens ordinaires constituent quelques-uns des leitmotivs de notre démarche.
Toutes les actions du CVB comme Association d'Éducation Permanente, Atelier de Production documentaire, opérateur audiovisuel en Cohésion sociale, diffuseur, formateur à l'animation vidéo, structure de réflexion sur le pouvoir de l'image, partenaire et initiateur de projets européens dialoguent dans une vision globale et structurée qui fait de l'image un outil indispensable d'émancipation individuelle et collective au service d'un projet de société durable. Le CVB accueille et accompagne donc des groupes de citoyens dans des projets de cinéma collectif, accueille et accompagne des associations dans des projets de cinéma d'intervention sociale, accueille et accompagne des auteurs dans des désirs de cinéma de création.
C'est la juxtaposition articulée de ces activités différentes et complémentaires, toutes nourries des mêmes valeurs qui fait du Centre Vidéo de Bruxelles un acteur unique et singulier du paysage audiovisuel en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Historique
Le Centre Vidéo de Bruxelles, rendre visible ou les formes possibles d'un réel révélé.
Muriel Andrin* - Juillet 2017
Révéler. Ce mot, et ses variations, couvre sans conteste une multitude de réalités ; de la question du visible (amener à la surface ce qui est caché), à celle de l’audible (donner à entendre ce qui n’est pas dit), celle d’un processus technique (le révélateur de la photographie argentique) mais aussi d’une action, d’un geste symbolique et performatif (révéler quelque chose, c’est l’amener à la connaissance et à la conscience).
Cette révélation est, depuis les fondements de l’atelier, au cœur de la démarche et de la philosophie du CVB dans une dimension inéluctablement liée au social et au politique ; donner la parole (et la caméra) à ceux qui ne l’ont pas, à des personnes littéralement sans voix. Cette mission dépasse de loin ses implications pratiques pour s’engager sur le plan d’une vraie réflexion de fond, partageant un lien profond avec les questionnements ontologiques du cinéma documentaire ; une réflexion sur les formes possibles, sur de nouvelles configurations esthétiques, voire la création de dispositifs, en vue de donner à voir et à entendre le réel.
Créé en 1975 par les pouvoirs publics (la Commission Française de la Culture, la Médiathèque et la Communauté française pour le prêt de matériel), l’histoire du CVB débute avec celle du Vidéobus sous l’égide de Jean-Luc Outers (responsable culture et audiovisuel de la CFC), Pierre Gordine (pour la Médiathèque) et Henri Ingberg (notamment lié à Gordine au travers du groupe de théâtre action de l’ULB)**.
A l’origine et dans un climat de pensée en lien direct avec des idées que préconise aussi Jean-Claude Batz à l’origine des ateliers, le projet de cette camionnette qui traverse les quartiers bruxellois avec du matériel de vidéo légère et qui le met à disposition des associations et des habitants, s’inspire des principes de Mai 68 et de l’idée de« rendre la parole au peuple », déjà portée par Ingberg et Gordine dans leur pratique théâtrale. Faire de ceux dont la parole est enfin entendue, les agents de leur propre représentation. Mais très vite, les animateurs, entourés par le groupe de créateurs et de soutien (administratif, financier, de pensée) comprennent que le fait de donner la caméra à quelqu’un qui vient de milieux défavorisés et qui n’a pas la parole, n’aboutit pas à l’émergence d’un langage cinématographique neuf.
Progressivement, naît l’idée des « animateurs-cinéastes », indispensables maillons de médiation entre les groupes sans moyen d’expression et le média vidéo ; l’ancrage se fait aussi dans un lieu, au cœur de la rue Royale Sainte-Marie où le Vidéobus cohabite avec la COCOF (Commission française de la culture) qui assure un service de prêt de matériel aux associations.
Cette volonté de donner « la parole au peuple » est systématiquement portée par les cinéastes mais aussi les responsables successifs du CVB – Marcel Wynands, Marianne Osteaux ou Michel Steyaert. Entrée en fonction en 1980, Marianne Osteaux, très fortement impliquée dans le mouvement des femmes, mais aussi dans un groupe de théâtre action, soutient l’idée, tout en soulignant elle aussi que le fait de donner une caméra ne suffit pas à garantir la qualité de l’expression.
Dans l’esprit de ce raisonnement, les années 80 sont ainsi marquées par le glissement vers un changement dans le profil des animateurs. Suite aux observations sur la nécessité de former au média, des cinéastes extérieurs et professionnels font leur entrée au CVB. Ce sera le cas de Jaco Van Dormael qui signe, à sa sortie de l’INSAS en 1981, non sans polémique (certains s’insurgeant contre le fait qu’un étudiant en cinéma vienne utiliser les moyens du CVB), un premier film–commande de 16 minutes intitulé Les voisins. Derrière cet engagement vers un autre type de créateurs cinématographiques, s’impose, non pas la nécessité d’avoir un diplôme mais bien un regard d’auteur.
L’époque sera également marquée par une rupture avec la Médiathèque qui, jusque là, est directement en charge du projet et des salaires. Les contrats qui y sont signés stipulent en effet très clairement qu’aucun média ne peut y être produit ; il faut donc créer une nouvelle identité pour cet organe de production média. L’asbl voit ainsi le jour en 1985, devenant un des ateliers de production subventionnés par la Communauté française.
Endossant complètement cette nouvelle identité, le rôle du CVB dans la défense des droits des ateliers de production sera par ailleurs signifiant tout au long de son existence, Marianne Osteaux portant, au début des années 2000, le projet de création de l’Aaapa (l’Association des Ateliers d’Accueil d’école et de Production Audiovisuelle) avec Jean-Pierre Dardenne. Très vite, dans l’évolution de l’atelier, le développement de la création suit l’idée d’une professionnalisation de plus en plus évidente, toujours en vue de porter une vision du monde et des convictions socio-politiques qui s’inscrivent dans les fondements du CVB. Deux lignes de conduite, parallèles et de plus en plus distinctes, vont constituer l’approche bicéphale des activités.
D’un côté, suivant les spécificités du décret des ateliers de production, s’articule l’appel aux jeunes auteurs professionnels engagés qui se font écho de sujets de société dont on ne parle pas ou peu. De l’autre, dans la continuité des débuts, les ateliers vidéo, l’animation socio-culturelle ou le travail d’animateur-vidéaste dans les quartiers continuent à donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. Dans la tension entre ces deux lignes et au travers d’une enquête menée dans les années 90 par la Communauté française sur les moyens alloués à la culture, naît une réflexion sur la nécessité d’être reconnu par le secteur de l’éducation permanente et de pouvoir bénéficier de budgets dans ce sens.
En 1995, le CVB décide donc de la création d’une asbl-sœur, le VIDEP (Vidéo Education Permanente), qui sera reconnue dans sa mission d’abord au travers de budgets exceptionnels puis d’un premier contrat-programme en 2005 (année d’entrée en fonction de Michel Steyaert à la tête de l’asbl). La coexistence de ces deux réalités pratiques (celle du CVB et du VIDEP, dualité qui se retrouve par ailleurs dans une majorité des ateliers de production) se prolonge dans une réflexion conceptuelle par une forte tension entre « une lecture politique et une lecture artistique qui intègre le politique »***. Néanmoins, derrière ces deux espaces de création spécifiques regroupés en 2017 sous l’appellation CVB, la question de la révélation s’articule très clairement comme un fil rouge commun.
Les productions du CVB posent en effet la question de la façon dont on regarde le monde, comment les cinéastes révèlent cinématographiquement le réel. Ces films reflètent la nécessité de prendre le temps de concevoir une forme, car, comme le résume Gérard Legrand, « il ne sʼagit pas seulement de capter le visible ; il sʼagit de rendre visible — ou du moins saisissable — ce qui échappe à la vue. ».
*Muriel Andrin est chargée de cours à l'ULB (Université Libre de Bruxelles) au sein du Master en Arts du Spectacle, finalité écriture et analyse cinématographiques.
**Je remercie Marianne Osteaux pour son temps et ses souvenirs qui m’ont permis de reconstituer la partie historique de ce texte lors d’un entretien qui a eu lieu le 15/11/16 en présence de Michel Steyaert et de Cyril Bibas.
*** Je me permets de reprendre les termes employés par Michel Steyaert lors de notre entretien du 15/11/16.
Service technique
Le CVB met à disposition de ses productions ou coproductions du matériel de tournage et de post-production haut de gamme régulièrement entretenu et mis à jour, des studios confortables ainsi qu’une équipe professionnelle pour encadrer les projets.
Nos locaux de post-production sont composés de
Quatre stations de montage image chacune équipée :
- d’un MacPro avec la suite logiciel Adobe (Premiere Pro, AfterFx, Photoshop,…) et DaVinci Resolve ;
- d’une carte vidéo BlackMagic ;
- d'un ou deux écrans et d’un moniteur d’étalonnage ;
- d’enceintes de studio et d’une table de mixage.
D'un studio de montage son et de mixage équipé :
- d’un MacPro et du logiciel ProTools 10 ;
- d'une table de mixage motorisée Digi002 ;
- d'une surface de contrôle Artist Mix et des enceintes de studio.
D'une salle de réunion et de visionnement ;
De deux puissants serveurs disposant à ce jour de 60 To chacun, soit 120 To au total ;
D'Une connexion internet ultra rapide.
Workflow
Du tournage à la diffusion, nous veillons au bon déroulement des différentes étapes de création des projets. Celui est assuré en interne par Fred Leroy et Stephan Samyn ou par des partenaires et collaborateurs externes :
- Conseils et expertise des besoins en matériel de tournage ;
- Backup des rushes sur notre serveur ;
- Synchronisation, conformation et transcodage ;
- Montage image et étalonnage ;
- Montage son et mixage ;
- Mastering DCP et authoring DVD/Blu-ray ;
- PAD, fichiers de diffusion web et réseaux sociaux ;
- Archivage à long terme des projets sur bande LTO.
Télécharger la liste du matériel de tournage (pdf)
Pour tout renseignement complémentaire n'hésitez pas à contacter notre secrétariat :
+32 (0)2 221 10 50 -